Marie Mahn

Marie Mahn

03/2006 - Où sont mes quinze ans ? - à suivre

Nous avons tant partagé sur un temps bien défini... Courts moments qui se sont étalés sur deux ou trois ans mais je ne t'ai jamais oublié. Et je ne pourrai jamais oublier celle qui a été finalement mon premier grand amour... même si celui-ci fut platonique !

Vingt ans après, tu hantes encore quelques fois mes nuits; je ne me suis jamais vraiment remise de notre terrible séparation. Nous étions les meilleures amies du monde jusqu'à ce jour où ta nouvelle bonne copine t'a accompagné chez moi... Je ne l'aimais pas cette fille et tu le savais très bien alors pourquoi me l'imposer et en plus, chez moi ! Mais j'acceptais tous tes désirs, tous tes caprices...

Dans ma chambre, cette peste a pris la parole à ta place... Je ne me souviens pas vraiment l'avoir écouté... Mais j'ai retenu le principal, tu as eu besoin d'une tierce personne pour m'annoncer que tu préférais mettre de la distance entre nous... Aurais-je mal réagis que nous ne nous sommes jamais reparlé depuis ce jour ? Combien d'années m'a-t-il vraiment fallu pour refaire surface et accepter cet éloignement...

Tu as conclues les propos de ton chaperon par une phrase du genre :

« Marie, je n'ai pas les mêmes sentiments que toi... Tu aimes trop et ce n'est pas normal d'aimer autant : ose-toi des questions »... Depuis, je n'ai cessé de m'en poser...

Et les questions de l'adolescence m'ont permis de comprendre et de savoir, peut-être grâce à toi, qu'il n'était pas tolérable d'aimer ses amies dans notre monde... Jusque là, je croyais que tout le monde aimait aussi fort que moi... Naïve et jeune, j'aimais sans me poser les questions de savoir qui et pourquoi. J'aimais autant mes chats que ma meilleure amie puis par la suite mes amants... Alors quelle différence... et pourquoi devoir en faire une ? En tout cas, tu as préféré fuir et aujourd'hui lorsque je me préserve de l'amour, je ne peux m'empêcher de penser à toi qui m'a détruite dans la pureté que j'avais d'aimer.

Je ne peux oublier les mois et les années qui ont suivi... dans le même lycée... J'aurai donné ma vie pour te croiser et que tu me souris, tout simplement. Au lieu de cela, ta nouvelle amie accompagnée d'une nouvelle cour t'entourait et tu m'ignorais à un plus grand point. Combien de fois suis-je rentrée en pleurant chez moi...

La première fois où je suis tombée malade, c'était à la mort de mon premier chat et la deuxième à cause de toi. Aujourd'hui, je me soigne encore mais la maladie a été décelée : Amour à mort ! Si j'ose dire. Ils n'y a aucun remède mais chacun soigne ses plaies comme il le peut. J'espère toujours un jour pouvoir te rencontrer pour te dire tout ce que j'ai dû garder au fond de moi durant toutes ses années et qui m'a détruit à petits feux.

Je me souviens t'avoir écrit des kilomètres et des kilomètres de lettres plus enflammées les unes que les autres... Jamais aucune réponse à tel point que je me demandais si ta mère te remettait bien ton courrier... En tout cas mes lettres ! Et toutes ces cartes d'anniversaire... Tous les dix huit octobre et ce, durant une dizaine d'années, je n'ai cessé de te le souhaiter.

Et puis, il y a eu de vrais amours partagés et vécus dans le réel, cette fois-ci. Mais combien de fois, P. a dû me consoler car je ne me remettais toujours pas de notre séparation. Elle a su être patiente et m'a réconforté comme elle pouvait.

Il y a eu aussi ces fois où ma mère t'a croisé dans la rue, dans une grande surface ou encore sur ton nouveau lieu de travail... A chaque fois, tu as souris à ma mère et lui a dis bonjour... Alors pourquoi pas moi ?

Enfin, il y a eu ce choc, il y a environ trois ans...

Ma mère, toujours elle, a découvert un petit article et une photo de toi dans le journal local... Dire que je travaillais alors dans ce canard comme commerciale au siège à Troyes et je ne savais même pas que tu venais d'intégrer l'accueil d'une de nos agences locales. Collègues ? Nous étions donc collègues ? Et puis, j'ai quitté ce poste pour un autre équivalent dans un autre département. La raison ? A mon tour de te fuir ? La peur aux trousses de te revoir après tout ce temps... La peur chevillée au corps : « Et si tu m'ignorais encore ? Serais-je encore capable de le supporter ? Après tout ce temps, et si tu étais encore rancunière ? »


Mars 2006

Je viens de fêter mes 35 ans à Lyon... mais je retourne à Troyes pour le fêter avec des amis. Ma compagne m'a suivie afin que je la présente à toute la marmaille. Sophie a réservé une table de quinze personnes au restaurant indien. Les retrouvailles sont merveilleuses, comme toujours. Déjà un an que je ne suis pas retournée dans cette ville qui m'a vu naître et grandir et vivre tant de choses. Certes, mais trop de souvenirs aussi et trop de fantômes que je crains toujours de croiser. Les fantômes ne me font pas peur mais seulement s'ils me sourient et me disent bonjour ! S'ils m'ignorent, ils m'effraient ! Alors, je les devance et les fuis.

Il est prévu que j'arrive la dernière aux côtés de Pascaline. Aussi notre entrée dans ce petit restau de quartier est très remarquée voire fracassante. Tous mes amis sont là et ils se lèvent pour m'acclamer. Jean-Phi a eu la bonne idée de venir avec un petit drapeau « Arc en ciel » histoire de bien nous faire remarquer... Comme je déteste me faire remarquer ainsi mais je les aime tant que je leur pardonne tout. Ils sont si mignons, je les regarde et je leur souris. Le bonheur de leur présence me lève les larmes aux yeux. Au même moment, Laurence, ma copine d'enfance, s'avance vers moi et me chantonne :

« Ne retiens pas tes larmes, pleurer ça fait du bien »... Allez, mon petit, ne pleure pas, viens-là que je t'embrasse... Et bon anniversaire, ma vieille... Puis tours à tours, ils se précipitent tous à mon cou. Je leur présente ainsi ma petite fleur des champs, comme j'aime à l'appeler, ma petite Paquita, de dix ans ma benjamine. Bien que très réservée, elle se fond vite dans l'ambiance et mes amis semblent lui réserver le meilleur accueil.

La soirée se termine avec une cerise sur le gâteau d'anniversaire. Le patron et la serveuse de connivence avec mes amis ont éteint

( à suivre )






04/04/2006
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