17/02/2008 La jeune fille du Jet Set - 1/3
Il y a fort longtemps que je ne suis pas sortie en boîte de nuit. C'est d'ailleurs la première fois depuis qu'il est interdit d'y fumer.
J'arrive dans cette boîte de nuit réservée aux gays et lesbiennes comme dans un terrain de jeu. Toutes et tous se dévisagent, cherchant je ne sais quelle révélation. Comme si un simple regard allait suffire ou si l'aspect physique était le seul critère de choix de ces faunes en manque de liens amoureux.
Est-ce vraiment l'amour que l'on recherche dans pareils endroits ?
Est-ce simplement une conquête de plus à afficher à son palmarès ?
Ou simplement un besoin de se rassurer sur ses velléités de charmeuses ?
Une chose est sûre, ici, le physique prime sur le reste…
Alors, comme tout à chacun présents dans ce lieu, je me pose au bar pour mieux observer les proies.
Beaucoup de filles mais peu me touchent.
Et puis, comment faire pour aborder des inconnues ? Je pense alors que j'ai passé l'âge de draguer en boîte de nuit. De ce fait, je décide de me positionner en tant qu'observatrice. J'aime regarder les filles, comme le dit la chanson. C'est mon cas. Elles réveillent et me renversent souvent les sens. Et puis, il n'y a pas de mal à regarder… On va bien au musée pour regarder des œuvres d'art.
Vais-je être séduite, ce soir ?
Vais-je séduire, ce soir ?
Je fais un tour d'horizon et commence à lancer quelques sourires timides.
Une petite brune par-ci, une autre par-là.
Attention d'éviter la grande blonde au bar qui semble seule et désespérée, un peu trop âgée à mon goût, mais surtout, je le sens tout de suite, en quête d'une vie de couple bien rangée.
Et puis, l'alcool aidant, je commence à piétiner sur place. Je ne peux rester si longtemps sans danser quand la musique est bonne. Elle n'est pas extraordinaire, ce soir, mais elle donne envie de se jeter à l'eau et d'aller rejoindre les premiers danseurs courageux, sur la piste.
Lorsque je danse, plus personne ne compte. Je ne vois plus personne sur la piste de danse comme d'autres en Harley Davidson !
Pourtant, j'ouvre quelque fois les yeux et croise ainsi quelques regards. Rares sont ceux qui me troublent mais j'envoie malgré tout à tous de grands sourires de bonheur et de partage. Après tout, je suis là pour m'amuser et pas pour trouver la perle rare.
Pourtant, une jeune fille se distingue des autres. De ce fait, je l'observe davantage.
Une jeune femme me coupe dans mon élan de danseuse solitaire et d'observatrice pas tentée en me demandant au creux de l'oreille si je suis venue seule. Je suis presque gênée de lui répondre par la positive attitude ! Elle me propose alors de la suivre au fond de la salle et m'entraine alors à sa table. C'est tellement inattendu, pourtant je la suis et ne veux pas être en reste.
Elle me présente alors à toutes ses copines et me donne le choix entre une coupe de Champagne et un verre de whisky. N'aimant ni l'un ni l'autre mais ne voulant pas vexer mes charmantes hôtes, j'opte finalement pour la boisson de ma région natale, le « petit lait » de ma famille.
La coupe ingurgitée, plusieurs filles différentes me posent des questions. Elles ont repéré que je n'étais pas une habituée des lieux. La plupart se connaissent ou se reconnaissent. Je suis une inconnue pour elles donc l'attraction de la soirée mais ne souhaite pas le rester bien longtemps.
Je me découvre des points communs avec certaines comme notamment des lieux d'habitation.
Les présentations faites, les discussions entamées vite achevées, nous partons toutes danser. Je m'exécute également. Je ne suis pas du genre à rester collée à mon fauteuil toute la soirée. J'aime être sur la piste, quasiment au premier plan. En tout cas, active, réactive et non passive.
Mes nouvelles copines dansent près de moi. Nous nous sourions souvent, comme cela est plaisant. Je me sens intégrée, comme adoptée. J'ai l'impression de faire partie d'une nouvelle « famille ». Au premier abord, les filles d'ici semblent moins hautaines que les lyonnaises, en tout cas.
La jeune fille brune est souvent sur mon chemin. Elle me touche particulièrement. Je l'observe de plus en plus et lui renvoie systématiquement tous ses sourires. Petit à petit, je fais plus que la suivre du regard. Je me retrouve souvent près d'elle mais n'ose lui parler.
Nous nous observons du coin de l'œil mais n'oublions pas de nous sourire de temps à autres.
Je ne veux pas partir sans avoir pu l'approcher davantage. Je ne veux pas partir avec ce regret-là.
Je constate qu'elle sort souvent ; j'en déduis qu'elle sort fumer malgré le froid. Je décide d'en faire autant bien que non-fumeuse depuis des années. Néanmoins, parfois, dans le « moove » de la soirée, surtout en boîte de nuit pour accompagner quelques verres, j'aime crapoter une cigarette. Et puis, cela va peut-être me permettre de l'approcher et lui parler enfin.
Je demande une cigarette à un mec au bar et sors seule pour la fumer. Il y a quelques filles dehors qui se pèlent mais ont besoin de leur dose de nicotine.
Stratégiquement, je demande à celle qui semble être une copine de ma jolie brune, si elle peut me prêter du feu. C'est la jolie brune qui profite de cette approche pour me tendre sa cigarette allumée. Je n'ai jamais été très douée pour allumer ainsi mon clope mais je m'exécute tout de même.
Cette première approche m'impressionne. Elle m'intimide malgré son sourire et ses yeux qui semblent m'en dire long. Je préfère baisser un peu les yeux et me mets en retrait. Pourtant, une nouvelle fille m'accoste pour me demander d'où je viens. Il semblerait qu'elles se connaissent plus ou moins toutes alors une inconnue attire tout de suite les regards et parfois même les convoitises. C'est amusant.
J'engage alors la conversation mais ma jolie brune décide de rentrer lorsqu'elle entend l'une de ses chansons préférées.
J'ai le sentiment d'avoir raté une occasion d'échanger avec elle, je m'en veux un peu. J'écourte alors la conversation en cours qui me semble sans intérêt et retourne à mon poste d'observation, à savoir, le bar.
Je décide de discuter tant bien que mal avec la barwoman à qui je confie ma carte bleue.
Petit à petit, d'autres filles se retrouvent autour de moi. J'en reconnais une du groupe qui m'a été présentée ; nous discutons un peu mais difficilement dans ce brouhaha sonore.
Ma jolie brune aux yeux noisette revient vers le bar. Elle me sourit et cela me perturbe. Je décide de fuir et me retire de nouveau à la table de mes hôtes.
Et si je draguais la première venue ? Histoire de m'aider à oublier mon ex ? Histoire de vivre dangereusement ou plutôt librement ?
Après tout, suis-je vraiment capable d'aimer à nouveau ?
Et dois-je attendre que mon cœur se reconstruise pour vivre à nouveau ?
Faut-il des sentiments pour aimer ?
Et suis-je capable de séparer l'amour physique de l'amour affectif ?
Toutes ces questions en tête, je n'avais pas vu ma jolie brune s'approcher. Elle fait mine d'aller aux toilettes mais nos regards se croisent de nouveau. J'ai vraiment eu l'impression qu'elle me cherchait du regard. Je décide de la suivre aux toilettes, comme sur un coup de tête, sans vraiment réfléchir. Par chance, ils sont occupés et ma jolie brune attend son tour. Je suis enfin seule, près d'elle.
Alors je me lance. Trop heureuse de trouver cette opportunité, quelque peu aidée, pour l'approcher enfin et oser lui parler. Je ne me souviens pas de la banalité que j'ai utilisée car je ne me souviens que de son sourire ravageur. Son regard est pétillant. Il me touche terriblement.
Malheureusement, la place se libère et ma belle inconnue s'en empare. J'attends, tout en me recoiffant dans la glace. Une autre fille entre et engage la conversation. Je n'ai pas très envie de lui répondre car ce que je craignais arriva, elle est sortie à toute vitesse des toilettes sans un regard, sans un mot et s'en est allée danser.
J'ai alors décidé de ne pas me laisser envahir par cette attirance incertaine.
Comment savoir si j'ai une chance de l'approcher davantage.
Suis-je en mesure de la conquérir ? Ici ? Pourquoi ? Comment ? A quoi bon ?
Je finis par renoncer. Je retourne au bar et commande un nouveau verre d'alcool que je bois presque cul-sec. Je décide alors de finir la soirée en dansant sans me soucier de toutes ces filles et surtout de celle qui aurait été capable de réveiller mon cœur meurtri. Je fais mon possible pour l'ignorer.
Arrive alors une petite série de slows, j'intercepte la jeune fille qui m'a fait l'honneur de m'inviter à sa table et lui propose de danser. Elle accepte gentiment. Je me rends alors compte que la jolie brune qui me trouble tant danse avec un mec. Cela m'agace et je fais alors en sorte de ne plus la croiser sur mon passage et fais surtout en sorte de lui tourner le plus possible le dos.
Le slow terminé, je propose à ma cavalière de venir prendre un verre. Nous discutons encore un peu toutes les deux, rions beaucoup et lorsque celle-ci m'a écrite son téléphone sur un bout de papier à cigarettes, la jolie inconnue se trouvait près de nous. Elle nous a observé et a semblé stupéfaite par cet acte pourtant sans gravité ni conséquences. Néanmoins, j'ai senti pointer en elle un semblant de jalousie qui n'était pas pour me déplaire et prouvait un tout petit intérêt pour moi.
Pour en avoir le cœur net, j'ai fini par me lancer.
Je suis allée commander 2 coupes de Champagne et bien qu'elle parlait une nouvelle fois avec un mec, j'ai voulu en avoir le cœur net. Cette fille était-elle ou non lesbienne voire bi ou vraiment hétéro ? Ses sourires étaient-ils simplement de complaisance ou voulaient-ils traduire autre chose ?
J'ai posé la coupe sur le bar, près d'elle, en lui indiquant simplement :
- A la votre, jeune fille…
Surprise, elle n'a pas eu le temps de me remercier que je m'éclipsais déjà. Médusée par cette situation, j'ai senti qu'elle m'observait. J'ai traversé la piste et suis allée m'installer seule sur un coin de banquette, à l'abri des regards. Je m'y suis posée voire même reposée.
Quelques instants après, je l'ai vu s'approcher de moi et me demander :
- Je peux m'asseoir ?
- Bien sûr…
Elle me tend sa coupe pour m'inviter à trinquer.
- Merci pour la coupe, c'est très gentil… Trinquons, si tu veux bien.
- Avec plaisir.
- Santé, bonheur, joie dans les cœurs…
Nous n'entendons pas le bruit des coupes qui se percutent mais les devinons. Nous n'osons nous parler mais nous nous sourions beaucoup. Puis, sans que je ne comprenne pourquoi, elle se lève et comme si j'étais en train de la perdre définitivement, je me suis également levée prête à la suivre n'importe où. Je la sens surprise mais sans réfléchir vraiment aux risques ou aux conséquences, je la plaque contre le mur qui est tout proche de nous. Je ne suis pas capable de déceler si elle résiste ou non, tant l'effet de surprise l'a médusé. Je risque le tout pour le tout. Je risque de la perdre avant même de la connaître.
Quelle est donc cette impulsion qui s'est emparée de moi ?
Il n'y a pas 36 solutions possibles, je n'en vois que deux à cet instant précis et même si je n'en espère qu'une seule, évidemment !
Je plonge mon regard dans le sien, lui souris et sans me poser trop de questions, je passe ma main sous sa chemise. Une pulsion telle s'est emparée de moi, j'avais besoin de sentir sa peau douce sous mes mains. Son corps chaud m'a complètement ému. J'ai eu envie de l'embrasser mais au lieu de cela, je me suis sauvée une nouvelle fois. J'ai paniqué et me suis enfuie.
Je crois que j'ai pris peur. Je ne me connaissais pas aussi entreprenante. J'ai trouvé mon attitude quelque peu déplacée. Je ne suis pas du genre à apprécier la drague facile alors me retrouver moi-même dans cette situation. Je ne suis décidemment pas une fille capable d'embrasser et encore moins de coucher le premier soir. J'ai besoin de temps, d'apprécier l'autre, de la courtiser avant quoi que ce soit d'autre.
D'un coup, je me suis sentie comme un mâle en rut qui se jette sur sa proie et cette image de moi m'a tant déplu que je me suis dégoutée et ainsi j'ai préféré me sauver avant que de ne plus être capable de me regarder dans la glace.
Je suis retournée aux toilettes me cacher. En évitant bien de me regarder dans le miroir.
Toujours occupés lorsqu'on a besoin d'eux, ces foutus lieux !
Elle est entrée à son tour. Je suis restée toute bête. Elle m'a regardé et m'a souri… Je suis restée scotchée, presque terrorisée par sa présence. J'ai eu peur de prendre une gifle, j'ai à peine eu le temps de m'excuser :
- Tais-toi… Moi-même, je ne comprends pas ce qui m'arrive, ce n'est pas mon habitude mais j'en ai très envie…
Elle n'ajoute rien mais passe à l'acte. A son tour, elle me plaque au mur et trouve le courage qui m'a fait tant défaut quelques minutes auparavant.
Elle m'embrasse avec fougue. J'ai peur d'étouffer, je suis tellement déstabilisée. Je me ressaisie comme régénérée par sa bouche. Je partage ma langue et nous nous embrassons réellement langoureusement. Le temps s'est arrêté. Nous n'avons même pas vu ressortir la personne des toilettes… nous sommes toujours en plein bouche à bouche comme si nous avions besoin d'être réanimées l'une par l'autre.
Nos mains se cherchent.
Je les sens à tour de rôle sur mes flans et mon dos. Les miennes l'enlacent à travers la chemise. Petit à petit, le besoin de ressentir sa peau m'envahit de nouveau.
Nos bouches se séparent le temps de me dire :
- Ne restons pas là, ton copine pourrait nous voir !
- Quelle copine ? Je suis venue seule… je ne connais personne ici.
- Et celle avec laquelle tu étais au bar et avec laquelle tu as dansé un slow !?
- Anita ? Je ne la connais pas et je m'en fou d'elle… Tu veux que je te dise ?
Elle me sourit tout en m'entraînant dans les toilettes et en fermant à clés derrière nous.
- Je t'écoute, me lance-t-elle tout en me mordillant le lobe de l'oreille.
- Tu me déstabilises… je n'avais d'yeux que pour toi mais je ne savais pas comment t'aborder…
- Alors, vas-y, aborde-moi !
- Ici ?
- Tu as raison, c'est un peu glauque comme ça, allons plutôt chez moi, si tu veux !?
- Pourquoi pas… Je…
Elle pose son index sur ma lèvre :
- Moi non plus, je ne suis pas du genre à repartir avec une inconnue, le premier soir… Mais il semblerait qu'on en est envie toutes les deux… alors pourquoi attendre ce qui semble de toute façon inévitable !?
- Mais…
- Tu as peur ?
- Non mais, tu es sûre que tu ne veux pas attendre… Laisser peut-être l'effet de l'alcool retomber ? Ou…
- Tu penses que je suis bourrée et que c'est pour cela que j'ai envie de toi ?
- Je ne sais pas, nous avons pas mal bu, toi et moi, je suppose. Je ne voudrais pas que tu aies des regrets demain matin ou que…
- Ne sois pas stupide, tu crois vraiment que je ne sais plus ce que je fais ?
- Non.
- Et toi, tu as trop bu ? Tu penses regretter demain ? Je ne te plais pas ?
Elle se recule légèrement de moi. Son éloignement, si minime soit-il, me désarme. C'est comme s'il me manquait déjà une partie de moi. Je réalise alors à quel point mon hésitation est ridicule. Je ne sais pas, au fond, de quoi j'ai vraiment peur mais je décide de passer outre.
A mon tour de l'embrasser dans le cou. Ses râles me bouleversent. Je reprends un instant mes esprits et lui demande :
- T'es venue seule ce soir ?
- Non.
- T'as une petite amie ?
- Mais non, rassure-toi. Je suis venue avec un couple de copines mais je vais les prévenir que nous partons. A moins que tu ne veuilles pas me raccompagner chez moi ?
Ma réponse se fait par un sourire et un baiser léger sur la bouche.
Elle me prend par la main et me fait sortir des toilettes. Un regard furtif dans le miroir, un sourire partagé et nous revoici dans le brouhaha. Plus personne d'autre ne compte.
Elle me laisse au bar, me quitte par un baiser en me demandant de l'attendre un court instant. Je la suis des yeux. Elle s'approche d'une table où deux filles sont enlacées, se penchent vers elle et fait des tas de signes. Les deux autres se lèvent et la suivent jusqu'à moi.
- Je te présente Marianne et Christina, mes amies.
- Enchantée.
- De même. Tu t'appelles comment ? me lance l'une d'elles.
- Marie.
- Ok, bon, on y va ? s'impatiente l'autre.
Je regarde ma jolie brune d'un air interrogatif. Elle se contente de me susurrer à l'oreille :
- Au fait, moi, c'est Chloé. Allez, viens… partons d'ici.
Je me sens honteuse et j'imagine avoir rougi.
Comme cela est vexant de ne pas avoir songé à lui demander son prénom.
Elle me sourit avec tendresse afin de me rassurer et me prends par la main afin de s'assurer que je la suive jusqu'à la sortie. Je me sens tout de même à côté de la plaque sur ce coup-là. Une vraie conne.
Ses deux amies nous proposent de les suivre pour un dernier verre chez elle. Je n'ose refuser l'invitation même s'il me tarde d'être seule avec elle, malgré l'intimidation de la situation.
Chloé me suit et s'installe à mes côtés. Qu'il est doux de l'avoir comme passagère. Un baiser en guise d'accompagnement au départ pour le chauffeur et sa main dans mes cheveux durant le trajet. Que demander de plus ? Cette petite est pleine d'attention.
Nous nous retrouvons dans un joli petit appartement de la banlieue proche de Chambéry.
Quelque peu intimidée, j'attends qu'on me dise de m'asseoir sur le clic-clac qui sert de banquette. Une fois l'invitation lancée, je m'exécute. Chloé se colle à moi. Je suis aux anges. Il ne m'en faut pas plus.
Je me demande ce que nous faisons là mais je comprends vite que l'une des deux de nos hôtes est l'ex-compagne de celle qui, je le pressens et le souhaite, fera un petit bout de chemin à mes côtés.
Quelle est donc cette embrouille dans laquelle nous sommes en train de nous mettre ? Pourquoi avoir accepté de les suivre alors que nous n'avions qu'une seule envie, nous retrouver pour la première fois ensemble avec pour seul désir, celui de nous découvrir ?
La situation commence à m'exaspérer. Les questions de Marianne tel un interrogatoire et son agressivité à mon égard m'agacent. La situation s'envenime quand sa compagne actuelle, consciente de sa crise de jalousie déplacée, s'en mêle.
Chloé reprend les choses en main et annonce :
- Bon, les filles, je crois qu'il est temps d'aller se coucher… On reparlera de tout cela demain si vous le voulez bien… Moi, j'suis fatiguée.
- Bonne idée, ajoute Christina qui baille aux corneilles.
- Viens, je vais te montrer notre chambre… me précise-t-elle avant d'ajouter à l'intention de ses amies :
- Bonne nuit les filles, nous, on va se coucher ! Et surtout, pas de réveil demain !
Je la regarde ébahie et l'interroge :
- On dort ici ?
- Bah oui, pourquoi ? C'est aussi chez moi ici ! Nous faisons chambres à part depuis que nous sommes séparées, Marianne et moi. Mais nous avons chacune nos vies… et donc nos chambres.
- Et vos conquêtes !?
- Pourquoi tu dis cela ?
- Pour rien.
- Mais ne crains rien, tout va bien… Et ne t'en fais pas pour Marianne, il se trouve que c'est la première fois que je ramène quelqu'une à la maison depuis notre rupture mais ça lui passera. Elle sera bien obligée de s'y faire.
- Ou pas !
- Allons,… pas de mauvais esprits. Suis-moi plutôt dans ma chambre.
- Je ne suis pas sûre d'en avoir envie dans ces conditions… et puis, …
- Quoi, c'est quoi le problème ?
- Excuse-moi, tout cela m'a un peu refroidie et puis, je ne me sens pas à l'aise…
Chloé me prend une nouvelle fois par la main et m'accompagne dans sa jolie petite chambre bleue. La décoration est très soignée, je distingue quelques affiches de films au mur ainsi qu'un drapeau arc-en-ciel qui annonce la couleur, si j'ose dire.
Son lit est défait mais qu'importe, nous n'avons qu'une envie, le démonter entièrement.
Chloé me pousse sur son lit. Je tombe de tout mon poids sur le dos. Elle se jette littéralement sur moi et m'embrasse avec furie. Cela n'est pas pour me déplaire et me fait oublier d'un coup, le petit accrochage causé par son ex.
Nos soutien-gorge ne sont pas encore défaits que nous sommes interrompues par des cris de jouissance assez phénoménaux qui viennent de la pièce voisine. Chloé s'énerve alors :
- C'est pas vrai, elle le fait exprès !
Elle se lève précipitamment de notre lit d'amour, j'ai tout juste le temps de la retenir par le bras :
- Laisse faire, je vais partir, ce sera plus simple…
- Mais non, enfin, tu n'as pas à…
- Ecoute, tu l'as dit, elle le fait exprès. Elle n'attend qu'une chose, c'est que tu lui fasses une réflexion. Ne lui fais pas ce plaisir. Je suis fatiguée et puis avec elles à côté, je ne me sens pas à l'aise ; pardonne-moi mais je vais y aller… c'est mieux…
- Mieux pour toi…
- Mieux pour nous toutes, je crois.
- Tu fuis encore une fois !?
- Pourquoi tu m'dis ça ?
- Déjà tout à l'heure, en boîte, tu t'es sauvée…
- Mais tu m'as rattrapée, si j'ose dire.
- Alors, laisse-moi une nouvelle fois te rattraper, dans ce cas !
Je souris. Elle a gagné. Je n'ose rien lui refuser. Je m'abandonne une nouvelle fois dans ses bras. Qu'il est bon d'être tout contre elle. Son parfum m'enivre. Elle me dévore.
1/3 (...) à suivre