21/04/2008 Qui perd gagne (partie 4/4)
(...)
- Carrément, c'est le grand saut pour toi ?
- Pourquoi pas ?
- Oui, en effet, pourquoi pas mais je ne suis pas sûre que tu sois prête.
- Je crois que je le suis.
Elle hésite un instant et semble sincère :
- Si tu savais… tu m'as tellement manqué…
- Vraiment ?
- Je crois à un point tel que je ne voulais pas me l'avouer !
- C'est déjà un point positif, en effet.
- Dis-moi, chérie, tu ne veux pas que nous allions dans ma chambre ?
- Franchement, j'en ai très envie mais je vais plutôt rentrer à Lyon, il commence à se faire tard.
- Tu ne restes pas ? Tu m'en veux, c'est ça ? Tu ne me crois pas ?
- Non, en fait, je réalise que cet appartement me renvoie à notre passé et ce n'est pas bon. Si vraiment tu as envie de construire quelque chose avec moi et si tu es vraiment décidée à t'engager alors, construisons mais pas ici. Je propose que nous commencions notre histoire sur une base solide. Alors, quand tu seras dans l'appartement de ta sœur à Lyon, fais-moi signe. En attendant, finis de régler ce que tu as à régler et de mon côté, il n'y a aucun soucis, je t'attendrais. Ça fait des mois que je t'attends, je ne suis plus à trois mois prêts.
- Trois mois ? Mais c'est énorme, je ne tiendrai pas jusque là !
- Comment j'ai fait moi, pendant ces six derniers mois ? En plus, je pensais que je t'avais définitivement perdue alors que là, ce n'est pas le cas… Ce sont trois mois pour nous organiser au mieux pour nos vraies retrouvailles, pour notre vraie vie de couple… Enfin…
Je la reprends dans mes bras et la serre très fort pour donner plus de poids à mon message :
- Si tu savais comme il est bon de te retrouver… Je t'aime tellement que je n'étais pas prête de te remplacer !
- Alors, s'il te plait, reste cette nuit.
- Non. Viens me voir à Lyon en attendant si tu ne peux tenir encore trois mois sans me voir. Mais pas ici, pas comme ça. Ici, pour moi et donc pour nous, c'est le passé. Et un passé révolu car douloureux. Regardons plutôt devant. Réapprenons à nous connaître, réapprivoisons-nous, si tu le veux bien. Je pense que nous avons tout à y gagner pour la suite. Ne précipitons rien. Prenons notre temps, notre amour n'en sera que plus fort et plus solide cette fois-ci. Et puis, tu sais, j'ai de nouveau besoin d'un peu de temps pour te faire totalement confiance…
- Tu m'en veux un peu, tout de même !?
- Non mais j'ai eu tellement mal, si tu savais. Je dois me préserver un minimum.
- Bon, je comprends.
A son tour de me serrer fort et de m'embrasser dans le cou :
- Je suis vraiment désolée. Pardonne-moi…
- Tu es toute pardonnée car je sais que tu n'étais pas prête. Et de mon côté, je suis allée trop vite, je ne t'ai pas laissé le temps nécessaire… Et au fond, je n'étais pas encore prête non plus… Je n'allais pas très bien, j'étais tiraillée entre la fin de mon CDD, les tournois et cette préparation au championnat de France… je n'étais pas très disponible non plus. Et puis, tu vois le résultat ! A quoi bon. J'ai tout gâché.
- Tout ?
- Sauf l'essentiel, peut-être… Te retrouver me redonne espoir pour la suite. Et crois-moi qu'à partir de maintenant, je serai suffisamment forte pour t'aimer et te soutenir. Et si tu ne veux pas dévoiler notre relation à ta famille, ce n'est pas un souci, je resterai la meilleure amie…
- Bah, en fait… J'en ai parlé à ma mère depuis…
- Vraiment ?
- Oui, elle me voyait tellement malheureuse que j'ai fini par lui en avouer la raison.
- Sans blagues ? Tu lui as dit que tu aimais les femmes ?
- Pas tout à fait comme ça… En fait, je lui ai dis que j'aimais une femme et que j'avais déconné… que je l'avais laissé partir bêtement… que je m'en voulais et que c'était très certainement trop tard… que je lui avais fait sûrement trop de mal…
- Tu veux dire que…
- Oui, je lui ai parlé de toi. Du coup, elle a très bien réagi et c'est pour cela qu'elle a accepté de nous accompagner Anna et moi au championnat.
- Tu veux dire qu'elle est venue en connaissance de cause ?
- Oui.
- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? Je l'aurai écrasée cette ESPERANTO !!! Tu imagines ? Elle n'aurait eu aucune chance si j'avais su que la femme que j'aime plus que quiconque au monde, ma belle-mère et ma belle-sœur étaient toutes là pour moi… Mais j'aurai fait un triomphe, chérie !!!
- Peu importe, mon amour, que tu gagnes ou non, ce n'est pas l'essentiel. Peu importe les honneurs quand on a l'Amour ! J'avais tellement peur que tu me rejettes que je crois que je n'osais pas revenir après tous ces mois… C'est ma sœur qui m'a convaincue et forcée à venir… Et j'avoue que même si tu as perdu à cause de cela… lorsque ton regard a croisé le mien alors, à cet instant précis, j'ai compris que ce n'était pas perdu. J'ai lu tant de choses dans ton regard. Cela m'a troublé et bouleversé… j'ai senti une telle détresse… et je suis sûre que j'en ai rougi. Anna et maman l'ont ressenti également car elles m'en ont parlé à la fin du match. Elles aussi se moquent que tu aies perdu car elles m'ont dit avoir gagné une belle-fille et une belle-sœur géniale !!!
- Vraiment ? Elles ont dit cela ?
- Oui.
- Waou… finalement, les ruptures ont du bon parfois… mais promets-moi qu'on ne remettra pas cela tout de suite. Accordons-nous au moins cinq ans ensemble avant de tout gâcher ?
- Sept ans, c'est encore mieux. C'est une bonne base pour construire, non ?
- Va pour sept ans ! Avec ou sans enfants ?
- Tu en veux ?
- Non mais toi ?
- Je ne sais pas trop, on verra bien…
- Avec ou sans mariage ?
- Ah oui, c'est vrai que je t'avais promis le mariage pour le 08/08/08 à 8h !
- Ça approche, c'est juste pour savoir si je dois prévoir un costume ou une robe de mariée, des alliances et puis les invitations, faut pas les envoyer au dernier moment… Et comme nous devions faire cela dans la maison de famille de l'autre salope, donc faut prévoir un autre endroit…
- C'est vrai mais tu sais, le mariage homosexuel n'est toujours pas légale en France.
- Je sais bien mais c'est pour cela que nous devions faire le nôtre avec nos règles à nous. Peu importe que les papiers soient officiels ou pas, on les emmerde ces cons qui ne veulent pas nous reconnaître… C'était juste du fictif avec du vrai…
- Eh bien, je te propose du vrai avec du vrai, cette fois-ci.
- Comment ça ?
- Un vrai mariage ! Et pas un semblant ou une mascarade de vrai sur du fictif !
- Tu veux attendre que la France légalise le mariage homosexuel ? Alors là, ce n'est pas sept ans qu'il faut se promettre de s'aimer mais au moins 70 ans !!! Et puis avec un Sarko-facho au pouvoir, nous ne sommes pas prêtes de nous marier, mon amour !
- Je sais, c'est pour cela que je te propose un vrai mariage dans un pays qui nous accepte comme nous sommes !
- En Espagne ?
- Oui, je te rappelle que mon frère habite là-bas.
- Ne me dis pas que tu as aussi prévenu ton frère pour nous ?
- Pas encore mais je compte le faire.
- Celui-là même qui est franc-maçon ?
- Ce n'est pas incompatible…
- Bah, tout de même, tu es sûre qu'il ne va pas te renier ?
- Tant pis pour lui s'il est con.
- Si tu le dis.
- Dans tous les cas, s'il m'aime, il m'acceptera comme je suis et avec celle que je suis.
- Je suis bluffée.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Alors, Mademoiselle Marie MAHN, acceptez-vous de prendre pour épouse, Mle Constance CELESTE ?
- Pour le meilleur et pour le pire… sachant qu'on a passé le pire, il ne nous reste que le meilleur, mon amour… Alors, oui, oui, oui, je vous prends pour unique épouse, Mle CELESTE que Dieu ou je ne sais qui le veuille ou non !