L’avenir violé - 1998/2001
L'avenir violé
Lucille, fais-pas l'enfant,
Regarde comme les grands
Te regardent et t'apprécient.
Lucille, ma perle, ma raison de vie,
Ton papa t'observe et tu lui obéis.
Lucille, du haut de tes quatre ans,
Tu as l'allure d'une jeune fille.
Lucille, ma chérie, mon enfant,
La fierté de notre famille.
Lucille, laisse ton papa te border,
La nuit, il fait si froid et les sorciers
Dans tes rêves, passent pour te gronder.
Mon enfant, ma déraison, laisse-toi embrasser.
Lucille, demain, je t'offre le cinéma,
On repasse la Belle et le Clochard,
Mais ce soir, Lucille, contente papa,
Et lui s'endormira sans cauchemars.
Couche-moi papa, couche-moi,
Couche-moi mais pas comme ça !
Couche-moi papa, couche-moi,
Couche-moi mais me touche pas !
Lucille, ma petite fille, ma-mie,
Mon Amour pour toi n'a pas de prix.
Lucille, garde pour toi notre secret,
Sinon ton papa s'en ira à tout jamais.
Tais-toi, Lucille, écoute papa,
Tais-toi et ne pleure pas.
Innocence bafouée, brisée,
Enfance molestée, humiliée,
Par ces attirances incestueuses,
Des actions perverses, tortueuses.
Pères, frères, blessent de leurs queues,
Et des enfants gisent dans leur sang.
Mères, sœurs, s'entourent d'images pieuses,
Se cachent les yeux, en attendant le dénouement.
Pour ces assassins de l'enfance, de la vie,
Quel jugement ?
Pour ces victimes de jeux d'errances, de folies,
Quel médicament ?
Couche-moi papa, couche-moi,
Couche-moi mais pas comme ça !
Couche-moi papa, couche-moi,
Couche-moi mais me touche pas !
Tais-toi, Lucille, écoute papa,
Tais-toi et surtout, ne pleure pas.
Lucille, ta vie est à reconstruire,
Lucille, l'avenir t'appartient,
Apprends à survivre puis à vivre,
Et un jour, tu verras… tout ira bien.
Marie Mahn
Paris, 12/08/1998, revisitée le 03/08/2001